La famille d'Olivia (fille douée de sa maman) :
Et le magnifique texte de Morgane (une fille extra, et même méta-extra) :
Non,
il n’est pas possible de faire le tour d’une vie, peut-être
encore moins celle de notre grand-mère. Mais nous pouvons raconter
ce que nous avons vu, ce que nous avons partagé, nous pouvons
témoigner de quelle mamie fut ce petit bout de femme, nous pouvons
ranimer des souvenirs qui constitueront qui elle restera, pour
nous.
L’ancrage dans la terre, toujours, jusqu’au bord des voix
ferrées de la ville nouvelle, cette terre qu’elle portait en elle
sans fausse pudeur. Celle de ses souvenirs des travaux agricoles,
racontée, celle de ses jardins, tant de fois arpentée, admirée,
dont elle se plaignait avec l’affection qu’on a pour ce qui a
vraiment besoin de nous. Les fleurs qu’elle faisait pousser partout
où elle passait étaient la mesure de sa vitalité.
Les goûts,
tous les goûts, des pires et surtout des meilleurs, de la
négociation des fèves au fantasme de la cervelle, mais surtout de
la salade du jardin assaisonnée avec les doigts aux généreux
copeaux de chocolat tombant en pluie sur la tartine ou la crêpe tout
aussi généreusement beurrée. Il ne faudrait pas oublier les
homards, la lotte à l’armoricaine, le lapin aux pruneaux, la tarte
aux pommes… et surtout le placard à gâteau, à chocolat, réponse
à toutes les gourmandises.
Les animaux aussi, l’arche de Noé
que nous visitions, enfants, avec la même curiosité renouvelée,
lapins, poules et mêmes canards, les chats, les chiens qu’elle
adorait plus que tout autre chose, les Chouchou, les Bibi ; tous ces
animaux scandaient son quotidien et accordéonaient son temps.
Les
rires, les siens, enfantins, les nôtres, mêlés de cris à la vue
de son plus beau sourire de sorcière ou de ses locataires
plastiques, araignée ou lézard qui en ont surpris plus d’un. La
jeunesse de ses rires, sa posture de lanceuse de boules de pétanque,
comme ses trottinements délimitant le potager, dessinent sa
silhouette plus sûrement que n’importe quelle photographie ne
pourrait le faire.
Ces fragments ne seraient rien sans le
principal, cette liberté qu’elle nous donnait et qui ouvrait nos
poumons, qui a contribué à faire de nous des femmes de caractère,
des femmes iodées comme les adolescentes saoulées d’air marin que
nous avons été en l’Ile-Grande.
Je vous avais prévenus les gens !
super texte !!
RépondreSupprimerIl y a du souffle, c'est beau !
RépondreSupprimerQue de souvenirs... Les tartines avec les copeaux de chocolat !!! Ah c'est tout de même autre chose que le nutella !!
RépondreSupprimerTrès beau texte, qui me bouleverse.